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#1 23-06-2022 16:27:00

Prelogic
Legaliste

Les bons et les mauvais remakes - étude comparée !

J’aimerais parler avec vous de la notion de « remake » et du caractère bon ou mauvais de cette notion dont les contours ont tendance à devenir un peu flous et insaisissables ces dernières années. Pour cela, je vais prendre plusieurs exemples distincts pour mieux vous faire comprendre ma démarche :

BON REMAKE

La Mouche noire (The Fly) de Kurt Neumann (1958) VS La Mouche (The Fly) de David Cronenberg (1986)

Déjà, il faut savoir que le premier film de 1958 est adapté d’une nouvelle de George Langelaan, et que le film prend manifestement quelques libertés avec celle-ci. Ce faisant, le film assume une position qui consiste à prendre l’agent féminin principal comme « responsable de la mutation du héros ». L’épouse du savant fou, unique témoin de l’expérience ratée de son mari est alors fantasmée comme la « veuve noire » par son entourage et les autorités, qui la rendent responsable de la disparition de son époux. Sans tous les éléments fantastiques étranges qui entourent l’affaire, comment imaginer autre chose dans l’Amérique sexiste des années 1950 ?

Le film de 1985 introduit de nouvelles données intéressantes, en plus de renforcer le caractère érotique et fusionnel du couple au centre de l’intrigue. Beaucoup d’observateurs de l’époque voient alors dans le film de Cronenberg une allégorie du VIH et de son caractère transmissible – hypothèse inutilement démentie par le réalisateur lui-même. En effet, dans le film, le personnage de Geena Davis attend un enfant de Jeff Goldblum et s’inquiète de devoir accoucher d’une larve (!). Pour résumer, le deuxième film introduirait la peur de la propagation du mal, à contrario du premier film où le scientifique malheureux n’est pas en mesure de reproduire son expérience sur d’autres (voir lemagducine.fr). Deux genres, deux époques et une manière différente de traiter un même sujet.

MOINS BON REMAKE

Karate Kid de John G. Avildsen (1984) VS Karate Kid (2010) de Harald Zwart

Le premier film est devenu culte pour toute une génération, et a même eu droit à une série jugée de bonne qualité près de 35 ans plus tard. Tous les gamins martyrisés rêveront de trouver leur Monsieur Miyagi pour pouvoir combattre le vilain play-boy de l’école. Pourtant, je pense que ce qui fait la « saveur » de ce film se situe dans son contexte (même succin) : celui du choc des classes et de la reconstitution d’une famille monoparentale. Daniel LaRusso est un gamin sans père, charrié comme un boulet par une mère qui peine à joindre les deux bouts : la situation est critique, et Daniel doit accepter d’incarner cette figure d’autorité qui n’est plus là. A côté de cela, les échos sombres et tragiques de la guerre, qui a laissé Miyagi sur le carreau. Le succès de Daniel au Karaté, à la limite, n'est qu’une démonstration de force typique et bon-enfant de cette Amérique triomphante des années Reagan : le bien l’emporte toujours sur le mal. Dieu est américain et il fait du karaté. Fin de l’histoire.

Avec le remake de 2010, nous ne sommes plus tellement en face d’un tel questionnement, de la mise en place d’un contexte qui justifie tout le reste du développement. Tous les éléments iconiques du premier film sont compilés, dans une sorte de révérence fétichiste (il faut absolument que le vieux Monsieur vienne réparer la plomberie, le jeune doit se retrouver coincé par la bande et se faire sauver au dernier moment, prétexte à une chorégraphie martiale, etc…). Ce qui est étonnant, c’est que des idées sont là : un jeune afro-américain sans père est contraint de déménager à l’autre bout du monde pour suivre sa mère confrontée à une mutation professionnelle. On aurait pu espérer un questionnement sur la reproduction des inégalités sociales d’un pays à l’autre, mais cela est à peine esquissé.

Comme toujours dans ce genre de cas, on peut saluer quelques beaux plans, une mise en scène plus « moderne » et la mobilisation d’un casting sympathique mais ça s’arrête souvent là.

MAUVAIS REMAKE

Jurassic Park de Steven Spielberg (1993) VS Jurassic World de Colin Trevorrow (2015)

Je sais tout de suite ce que vous allez me dire : Jurassic World n’est pas un remake. Et c’est bien là le problème : le remake, aujourd’hui, est souvent aussi une suite qui ne dit pas son nom, ou qui cherche à louvoyer sur cette question très spécifique de la « continuité ». Le premier Jurassic Park, qu’on l’aime ou pas, était déjà une œuvre très personnelle de Spielberg, adaptée du roman de SF de Michael Crichton : pour Spielberg, Jurassic Park est l’opportunité d’évoquer des préoccupations existentielles très personnelles : la peur d’enfanter, de procréer, le noyau nucléaire de la famille et la perpétuation de l’espèce. John Hammond est généreux et il aime les enfants, mais il est vieux et sur le déclin. Alan Grant est jeune et exclusif, mais il déteste les enfants. Le décor est planté. Les dinosaures ne sont qu’une toile de fond, un prétexte pour faire évoluer et se rencontrer des personnages campés dans des rôles très éloignés les uns des autres.

Jurassic World est un film hybride : à la fois une suite directe aux 3 derniers films mais aussi (et surtout !) un redémarrage de la franchise. Objectif : reprendre depuis le début. Le Parc. Les enfants. La catastrophe. Certes, Colin Trevorrow introduit de nouveaux éléments, et prend littéralement le public à témoin : « vous êtes venus voir la même chose qu’il y a 30 ans, ne vous étonnez pas si vous trouvez les personnages encore plus stupides qu’auparavant, mais que voulez-vous, la nature humaine toussa… ». Ainsi donc, Trevorrow justifie la stagnation de l’univers par un propos décliniste tout à fait typique et opportuniste (l’humanité n’apprend jamais de ses erreurs, donc on recommence, pratique !). Et ça marche ! Cette première étape est d’ailleurs souvent ponctuée d’autres itérations du même genre (Fallen Kingdom n’est rien d’autre qu’un Lost World retapé) qui conduisent à mettre de côté les films les plus anciens en les ringardisant. Heureusement d'une certaine manière, Matrix Résurrections est passé par là depuis, en refusant le compromis et en focalisant sur la relation à haute valeur ajoutée entre Néo et Trinity.

Je sais que beaucoup ne partageront pas mon avis sur Jurassic World. Mais je choisis de le classer du côté des mauvais remake, c’est-à-dire des films hypocrites qui surfent sur le succès d’une franchise par tous les moyens possibles, sans assumer véritablement un positionnement clair.

Dernière modification par Prelogic (23-06-2022 16:39:19)


Pour empêcher les peuples de raisonner, il faut leur imposer des sentiments
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#2 23-06-2022 16:45:18

scorpius
Nowhere Man

Re : Les bons et les mauvais remakes - étude comparée !

Il y a quelques remakes qui sont meilleurs que l'original, plus incarnés, ayant plus d'identité, des remakes infusé de la personnalité de leurs auteurs.

The Thing de Carpenter

True Lies de Cameron

The Departed de Scorsese

The Fly de Cronenberg, effectivement

Dernière modification par scorpius (23-06-2022 16:45:45)

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#3 23-06-2022 18:45:04

matou
modérateur

Re : Les bons et les mauvais remakes - étude comparée !

Euh True Lies y’a débat car l’original est très marrant et différent.

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#4 23-06-2022 23:51:11

dl500
TOS Forever

Re : Les bons et les mauvais remakes - étude comparée !

The thing. Sa suite / reboot / remake est aussi à classer dans les mauvais.

Robocop. Là il y a aussi son remake ridicule et vidé de tout son esprit. Tout comme Total Recall.

Dernière modification par dl500 (23-06-2022 23:54:38)


L'être humain a deux vies. La seconde commence quand il se rend compte qu'il n'en n'a qu'une...

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