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#1 02-11-2019 13:30:53

mypreciousnico
Why ?

Doctor Who 30x08+30x09 Silence in the Library / Forest of the Dead

Doctor Who 30x08+30x09 Silence in the Library / Forest of the Dead (Bibliothèque des ombres 1&2 - Docteur 10)

Crédits officiels :
- Scénario - Steven Moffat
- Réalisation - Euros Lyn

Appréciation :

  1. 10 (top franchise)(voix 3 [100%])

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  2. 9 (exceptionnel)(voix 0 [0%])

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#2 02-11-2019 13:32:25

mypreciousnico
Why ?

Re : Doctor Who 30x08+30x09 Silence in the Library / Forest of the Dead

D’une certain manière, ce double épisode est un prologue au run de Steven Moffat sur Doctor Who. Il préfigure le Docteur légendaire qui sera campé par Mat Smith et bien entendu, il introduit River Song !
Spoilers !

Gros morceau que ce double épisode, ça risque d'être long à lire. Par ou commencer ?

“The Library. So big it doesn’t need a name. Just a great big “The”.”

En premier lieu il faut parler du décors : La Grande Bibliothèque.

Un décors titanesque, cyclopéen, inimaginable et pour finir absolument fascinant. Un paradis, un fantasme, taillé sur mesure pour les amoureux de l’objet livre papier.
L’ampleur du délire est totale : une planète bibliothèque, UNE PLANÈTE ! L’équivalent culturel de Coruscant, un continent entier pour le Polar, un autre pour les Biographies, si vous les cherchez c'est au niveau de l’équateur...des bâtiments immenses qui montent jusqu'au ciel, des couloirs interminables, des pièces cosy aux murs lambrissés et garnies jusqu’au plafond, des métros suspendus pour aller d’une aile à une autre, le cœur de la planète le plus gros index bibliographique connu et une fausse lune comme système de sécurité informatique… Tout ça pour réunir l’intégralité des livres jamais publiés dans tout l’univers connu...

PFIOUUU ! Doctor Who nous aura rarement offert une vision aussi démesurée, aussi fantasmagorique, aussi écrasante. Il n’y a guère que Doctor Who 29x03 Gridlock pour s’aventurer aussi loin sur ce terrain, dans un registre différent.

“It’s a world. Literally. A world. The whole core of the planet is the index computer. Biggest hard drive ever. And up here, every book ever written. Whole continents of Jeffrey Archer, Bridget Jones, Monty Python’s Big Red Book. Brand new editions, specially printed. We’re near the equator, so… This must be biographies ! I love biographies !”

D’ailleurs, comme le fait remarquer le Docteur, aussi loin dans le futur, avec toutes les possibilités technologiques existant pour se divertir, les gens lisent encore des livres, en papier de surcroît.
Étant moi même adepte de nouvelle technologies (j’ai adopté la liseuse depuis longtemps, c'est un objet que j’adore dont j’aurais du mal à me passer aujourd’hui) je continue à lire des livres papier. Il y a une forme de fétichisme, partagée par tous les amoureux du livre (l’objet plus que le contenu), qu’aucune technologie ne saurait émuler : l’odeur, la sensation du papier, la masse de pages plus importante à droite ou à gauche qui nous fait ressentir, quand on tient le livre ouvert, notre avancée dans l’histoire...
Il est fort probable que le livre (dont la forme n'a pratiquement pas évoluée depuis son invention) existera toujours, quand bien même l’écris utilitaire serait compulsé autrement.

Cerise sur le monumental gâteau, les artistes de la série se sont pliés en quatre pour rendre compte de cette vision titanesque : les décors sont magnifiques, les effets spéciaux aussi, tout est épique et grandiose. On se sent vraiment submergé par la majesté des lieux !

“A million million life forms. And silence in the library.”

Passé l’excitation de la découverte, un doute s’installe. On se rend bien vite compte que ce lieu formidable est étrangement désert et qu’il y règne un silence de cathédrale. Pas un bruit, pas âme qui vive.
Or si une bibliothèque est un excitant lieu de savoir, confortable et accueillant...rien n’est plus inquiétant qu’une bibliothèque déserte et silencieuse !
Soudain tous ces couloirs, toutes ces pièces, toutes ces tours, tout ces continents, deviennent écrasants, effrayants, insupportables…

C'est le propre des lieux qui flattent l’imaginaire, comme les bibliothèques ou les musées : l’imaginaire ça n'est pas forcément uniquement positif, l’imaginaire ça peut aussi faire peur. Une bibliothèque c'est plein de recoins, de travées silencieuses et mal éclairées. Or, justement ce qu’on ne vois pas, ce qui est caché dans l’ombre, ce qui peut surgir à tout moment, ça fait peur...

“Almost every species in the Universe has an irrational fear of the dark. But they’re wrong. ‘Cause it’s not irrational. It’s Vashta Nerada”

Comme à son habitude, Moffat nous offre une histoire horrifique. Il faut dire qu’il n’a pas son pareil pour convoquer des visions immédiatement marquantes et iconiques, en utilisant des choses relativement anodines : les statues dans Doctor Who 29x10 Blink, la bibliothèque et ses zones d’ombre dans le cas présent.

Le scénario tire astucieusement partie de la peur innée, primitive et incontrôlable que nous avons envers ce qui est caché. En l'occurrence, la peur du noir et la peur de ce qui est dans l’eau. Les Vashta Nerada sont donc littéralement des Piranhas des ombres : des créatures dévoreuses de chair, cachées dans les ombres (pas toutes les ombres, mais n’importe quelle ombre) et capables de réduire un humain à l’état de squelette en quelques secondes. À la peur de l’inconnu on ajoute donc la peur d’être dévoré vivant !

“She’s a footprint on the beach. And the tide’s coming in…”

Comme si cela ne suffisait pas, on ajoute un glitch technologique : les victimes des Vashta Nerada restent quelques minutes en vie dans la mémoire tampon de leur communicateur, bloqués en boucle sur les ultimes secondes avant leur mort, pour mieux tourmenter ceux qui restent.

Vous n’avez nulle part où aller, les ombres sont partout ou la lumière vient à manquer, elle vous marquent d’une deuxième ombre comme on taguerait un boeuf à l’abatoire, s’infiltrent dans le scaphandre, vous dévorent de l’intérieur et utilisent votre corps et votre voix comme une grotesque marionnette à la démarche saccadée et au visage de mort, dont l’approche est annoncée par la morbide litanie de vos dernière pensées : “Hey! Who turned out the lights !”

“Hello Sweetie”

Dernier morceau et non des moindres, Moffat introduit ici un personnage Ô combien emblématique, la délicieuse et fascinante River Song à la personnalité impertinente et pleine de fougue !

Professeur d’archéologie au 51ème siècle, elle fait preuve d’une déconcertante familiarité avec le Docteur qu’elle semble très bien connaître et qu’elle appelle “sweetie”, son Journal Intime est en forme de TARDIS, elle possède un tournevis sonique plus évolué, le pistolet de Jack Harkness...n’en jetez plus, la coupe est pleine !
Étonnée que le Docteur ne la reconnaisse pas, elle semble avoir vécue avec lui quantité d’aventures improbables et connais son véritable nom (50 ans que la série existe et le pauvre spectateur attend toujours lui).

Moffat compose un personnage immédiatement intéressant, qui semble éminemment important dans la vie du Docteur. Un personnage dont il ne dévoilera finalement pas grand chose ici. On sent bien qu’il y a un lourd background qui existe, que le personnage est complexe et que sa relation avec le Docteur a été/sera pleine de rebondissements.

“Look at you. You’re young.
I’m really not, you know.”

Il ne nous dévoile ici que les prémisses (et la fin ?) d’une histoire racontée dans le désordre, une histoire d’amour à travers le temps. Non pas dans le même esprit que la voie lente mise en scène dans Doctor Who 28x04 The Girl in the Fireplace, mais plutôt une histoire dans laquelle les deux partenaires auraient la possibilité de voyager dans le temps.
Car pour la première fois, le Docteur semble rencontrer une compagne à sa mesure, une femme qui non seulement le connais bien, mais semble savoir des choses qu’il ignore ! Une femme qui le met dans la situation, inédite, du type qui a plusieurs centaines de wagons de retard !

“The Doctor: Oh, you’re not, are you? Tell me you’re not archaeologists.
River: Got a problem with archeologists?
The Doctor: I’m a time traveller. I point and laugh at archeologists.
River: Ah. Professor River Song, archaeologist.”

Cette histoire, je la trouve magnifique. Sans même parler de ce qui suivra, juste en se concentrant sur ce qui est dit dans cet épisode, tout cela est bouleversant et épique. Le temps de deux épisode, Moffat parvient à nous faire croire à cette histoire d’amour improbable. Que ce soit  l'interprétation espiègle de Alex Kingston, l’air abasourdi de David Tennant (leur duo fonctionne dès les premières secondes), les constantes références à des “spoilers”, les allusions au fait que le Docteur serait “jeune”, ne serait pas encore “son Docteur”... tout cela est d’une profondeur étonnante.

La fin de River Song on se la prend comme une vieille claque en plein dans la face ! Comme si on la connaissait depuis longtemps. Heureusement, le Docteur n’a pas tant de wagons de retard que ça et il trouve(ra) un moyen de sauvegarder la conscience de sa femme dans la simulation de C.A.L., une forme de vie éternelle.

Car, ce diptyque est également l’occasion d’aborder rapidement le thème du transhumanisme : l’index informatique de la Grande Bibliothèque est en réalité l’esprit d’une petite fille mourante, capable de créer une simulation pour accueillir les victimes des Vashta Nerada…

Enfin, comme si ça ne suffisait pas, Moffat se fend de très belles lignes de dialogue pour conclure tout ça :

“When you run with the Doctor, it feels like it will never end. But however hard you try, you can’t run forever. Everybody knows that everybody dies. And nobody knows it like the Doctor. But I do think that all the skies of all the worlds might just turn dark if he ever, for one moment, accepts it.”

Un copieux menu, pour un double épisode référentiel et étourdissant en plus d’être important pour la suite, car Steven Mofffat ne manquera pas d’explorer les passionnantes pistes qu’il a semé ici.
Un bon gros Top Franchise, évidemment !

Même pas le temps de se reposer, l'épisode suivant est une pure merveille également... Spoilers...

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#3 02-11-2019 20:30:03

scorpius
Nowhere Man

Re : Doctor Who 30x08+30x09 Silence in the Library / Forest of the Dead

Ce double épisode d'une certaine manière pour Moffat c'est son audition de showrunner. On y retrouve une sorte de synthèse de ses épisodes précédents et ça préfigure pas mal de choses qu'il fera sur son run.

Pas facile de passer après la superbe review de Nico, je vais donc essayer d'aborder des points qu'il n'a pas couvert.

Un thème qui revient énormément chez Moffat c'est la manière dont l'imaginaire façonne notre réalité ou la perception qu'on peut en avoir. Evidemment avec ce décor fantasmatique de la Bibliothèque, Moffat crée un terrain de jeu très propice pour manipuler la réalité et la perception qu'on peut en avoir. En cela l'intro du premier épisode est un modèle narratif, tant elle parvient à jouer sur la perte de repères et s'avère aussi destabilisante qu'impossiblement excitante. On y voit littéralement le Docteur/Donna faire irruption dans l'espace mental d'une petite fille.

Le second épisode pousse encore la chose plus loin lorsque Donna est pris au piège de la matrice. Ici Moffat questionne la nature tangible d'une fiction tout en destructurant la narration audiovisuelle (ouais c'est juste eek ). Le personnage fictionnel Donna Noble va y faire l'expérience d'une existence encore plus fictionnelle (une fiction emboitée dans une fiction - ouaip, Nolan avec les rêves superposés d'Inception il n'a rien inventé)  mais se retrouvera dans la postion d'être petit à petit consciente que les mur de sa réalité sont une fiction. Je suis nul, en 2 lignes je rends la chose confuse, mais si vous n'avez jamais vu l'épisode je vous assure que Moffat rend la chose très limpide. Ce qui est encore plus fort c'est comme je le disais la manière dont il déconstruit la narration audiovisuelle et en particulier la notion d'ellipse narrative. Pour prendre un exemple concret dans une série/un film, un personnage va dans une scène faire ses courses au supermarché et la scène suivante il est chez lui devant la télé à boire une bierre. On ne le voit pas sortir du supermarché, rentrer chez lui, mettre ses courses dans le frigo, allumer la télé, choisir une chaine et se poser dans le canapé. Tout cela est traité via une ellipse, on assiste en tant que spectateur à des instantanés de la vie d'un personnage fictionnel, mais lui bien sûr il n'en a pas consciente...

Ici Moffat s'amuse à explorer les réactions d'une personne qui en aurait conscience. Ca confronte Donna à une angoisse existentielle proprement glaçante et unique (la scène ou ses "enfants" lui explique qu'ils cessent d'exister lorsqu'il ne sont pas avec elle et Donna qui assistera ensuite impuissante à leur disparition).

L'imaginaire qui façonne notre réalité, on va également, à un niveau plus symbolique, retrouver cela avec River. Le futur du Doc existe dans un livre (le journal de River) dans une certaine mesure pour le Doc, il est encore fictionnel, mais pour River il s'agit bel et bien de sa réalité. Et c'est vachement intéressant que Moffat construise les bases de la relation entre River et le Doc là-dessus parce que dans le genre je brouille les pistes entre réalité et fiction, le personnage de River se pose là (mais on en reparlera).

Evidemment top franchise et top audiovisuel tout court.

Dernière modification par scorpius (02-11-2019 20:32:24)

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#4 03-11-2019 14:34:08

mypreciousnico
Why ?

Re : Doctor Who 30x08+30x09 Silence in the Library / Forest of the Dead

scorpius a écrit :

Ici Moffat s'amuse à explorer les réactions d'une personne qui en aurait conscience. Ca confronte Donna à une angoisse existentielle proprement glaçante et unique (la scène ou ses "enfants" lui explique qu'ils cessent d'exister lorsqu'il ne sont pas avec elle et Donna qui assistera ensuite impuissante à leur disparition).

Ha oui c’est formidable tout les passages avec Donna. Comme tu dit c’est extrêmement limpide, en termes de scénario, mais aussi en termes de mise en scène.

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