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#1 26-07-2018 17:57:54

Prelogic
Legaliste

Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Bonjour à tous,

Je souhaite m’inspirer d’un topic similaire sur l’univers de Star Trek pour évoquer l’avenir de Star Wars et plus généralement l’avenir de Lucasfilm sous Walt-Disney. L’objectif ici serait idéalement de « délester » d’autres topics de toutes les questions que nous pouvons nous poser par ailleurs sur la gestion de la propriété intellectuelle et les conséquences de certains choix opérés.

---> Que peut-on espérer pour l’avenir de Star Wars ?

La pérennisation d’une logique d’éducation : lorsque Lucas vend sa société à Walt-Disney, il espère essentiellement préserver les murs et (sans doute) quelques emplois au passage. Lucas n’a pas à s’inquiéter : il entretien avec la société Walt-Disney des relations anciennes, débutées en 1986 avec l’attraction Star Tours et il connait bien Bob Iger, avec qui il a travaillé sur la série du Jeune Indiana Jones. Lucasfilm vivotait depuis quelques années en misant sur un catalogue de produits relativement restreint, et ce « malgré le fait que la société ne possédait quasiment aucune dette » - un phénomène sans doute lié à la bonne vitalité du merchandising Star Wars. A côté de cette situation, les expérimentations indépendantes de Lucas en dehors de Star Wars ne lui permirent pas d’envisager sereinement l’avenir qu’il souhaitait dessiner pour Lucasfilm. L’échec de Red Tails tend ainsi à démontrer l’animosité persistante et historique entre Lucas et les « majors ».

Quant à la société de développement et d’édition Lucasarts, elle fut fermée le 3 avril 2013. Ce fut sans doute-là un premier échec pour George Lucas, qui voyait partir toute une logique d’éducation. N’oublions pas que Lucasarts était le prolongement de la politique de Lucasfilm, cherchant à déposer des brevets pour exploiter des nouvelles technologies « interactives multimédias ». En tout, 150 employés furent ainsi licenciés, tandis que Lucas s’engageait à reverser une partie de la somme déboursée par Disney au profit de fondations – un porte-parole officiel de Lucasfilm déclarera ainsi à l’époque que « le gros de la somme sera versé à une fondation dont le but sera d’investir dans l’éducation ».

Le point de vue de Walt-Disney en matière d’éducation semble ici assez nébuleux, pour ne pas dire cynique : en fermant Lucasarts et en souhaitant « vendre les licences des franchises » à des studios externes comme Electronic Arts, Disney semble ici vouloir faire des économies d’échelle et capitaliser sur l’existant plutôt que de parier sur l’avenir et développer des nouvelles technologies qu’elle exploiterait véritablement en interne à des fins éducatives. Pour le moment, il semble que la compagnie Walt-Disney soit davantage préoccupée à l’idée d’exploiter un catalogue au travers notamment de ses parcs d’attraction. Première difficulté / première divergence d’opinion pour une société passée depuis longtemps à l’état de consortium. Le 30 octobre 2012, au moment du rachat, Bob Iger parlera d’ailleurs de « portefeuille de contenus de classe mondiale ».

Cette situation peut être renversée, à condition bien sûr que Lucasfilm reprenne le chemin de l’innovation et retrouve cette logique éducative qui était au cœur du projet de George Lucas que l’on pourrait résumer par ces 3 termes : immersion, interactivité et multimédias. Il s’agit d’abord et avant tout d’un état d’esprit, d’une philosophie au service d’un projet sur le long terme. Il faudrait également dans l’idéal que Bob Iger accepte la nature profondément « sauvage » de Lucasfilm, qui ne peut que souffrir d’une logique essentiellement clientéliste. Notons au passage que l’ancien PDG de la 20th Century Fox, Alan Ladd Jr, avait été jusqu’à risquer son poste devant les actionnaires pour soutenir l’entreprise cinématographique folle de George Lucas – devenue depuis un authentique phénomène social. Une récente biographie de Lucas prétend d’ailleurs qu’il quitta son poste au début des années 80, poussé par le conseil d’administration qui n’avait pas digéré qu’il lui tienne tête.

Le respect de l’existant et de la relation « synergique » entre créatifs et fans : le formatage de l’Univers Etendu a amené des conséquences que nous ne mesurons pas encore très bien sur la stabilité de l’œuvre et d’une manière plus générale, sur la relation qui unit depuis toujours les fans de Star Wars à la juridiction de Lucas sur les films. En niant le caractère profondément « subversif » de l’Univers Etendu par rapport aux films, Lucasfilm ne permet plus l’expression parallèle d’une certaine communauté. Il faut ajouter à cela la fébrilité de Walt-Disney concernant la « marque », utilisée à tort et à travers depuis toujours par des millions de fans à travers le monde pour leurs propres créations. On pense notamment à cette fameuse Ecole de Jedi en Australie qui avait été accusée de « contrefaçon de marque et de concurrence déloyale ».

Faut-il revenir à cette relation que l’on pouvait qualifier jusqu’à récemment de « compromis », entre d’un côté la juridiction des films et le reste des productions / publications ? Probablement. Lucasfilm ne peut prétendre squatter systématiquement l’ensemble des possibles d’une chronologie par essence extensible, et doit pouvoir laisser aux fans et aux créatifs un espace de respiration pour « parler » de cet univers comme bon leur semble. L’Univers Etendu a été pendant longtemps très incohérent avec les films de Lucas (et sans doute incohérent avec lui-même), mais on pouvait encore décider de passer outre. On ne peut pas simplement se « contenter » aujourd’hui de consommer de la bande-dessinée (ou un spin-off opportuniste) pour obtenir une expérience cinématographique qui se doit d’être complète et auto-suffisante.

Le respect d’une morale universelle et d’une certaine philosophie spirituelle : Lucas souhaitait manifestement articuler son récit autour de plusieurs concepts : si la haine mène au Côté Obscur, le pardon peut conduire à la rédemption. Si l’impatience conduit à faire des erreurs, l’apprentissage permet d’accéder à la maîtrise de soi et de ses émotions. Avec les midichloriens, Lucas souhaitait également construire les bases d’une véritable cosmogonie, dont les « Whills » devaient être le chainon manquant d’une troisième trilogie – A terme, Lucas voulait certainement poser la question de la « conscience » de la Force, un sujet passionnant dans la lignée des autres questionnements induits par les 6 films d’origine.

Lucasfilm sous Disney semble n’avoir jamais été sur cette même longueur d’onde, avec une « version » de l’univers de George Lucas particulièrement démagogique, basée essentiellement sur des discours promos du type : « Nous vous rendons la Force à vous, le peuple ! ». S’en est suivi une succession de décisions malheureuses et fortement préjudiciables pour la stabilité de l’œuvre dans son ensemble – puisque, jusqu’à preuve du contraire, Disney continue d’estimer l’ensemble des films de George Lucas canon.

A défaut de poursuivre le questionnement de Lucas sur son propre travail, il faut pouvoir s’inspirer LARGEMENT du travail des créatifs, dont certains touchent du doigt l’essence même des préoccupations de Lucas. Je pense notamment au magnifique teaser de l’extension online Knight of the Eternal Throne, avec cette jeune fille tentée simplement par le mal, à la faveur d’une frustration enfantine. D'une manière plus générale, je pense que des réalisateurs comme James Cameron sont plus sensibles aux arguments de Lucas pour l’extension de cet univers et de ses possibilités. Kathleen Kennedy devrait largement s'appuyer sur le savoir-faire et l'expérience de ces hommes et femmes compétentes, disposant d'une sensibilité en marge des grands studios - ce qui exclue d'office, probablement, les habituels commis de service formatés dès la sortie de l'école de cinéma.

L'émulation entre logique intellectuelle et industrielle : La vente de Lucasfilm à Walt-Disney a modifié en profondeur la nature-même de cette société et son rapport à son propre eco-système : il ne s'agit plus de parier sur la technologie et de demeurer en marge du système en faisant des films expérimentaux, mais d'obéir à des contingences d'ordre économique. Le comportement des fans vis-à-vis de ce qui est considéré comme une "franchise" est un indicateur sérieux permettant à Disney de faire un constat simple : la communication et le marketing ont plus de chance d'aboutir à un résultat positif que des paris potentiellement ruineux - la prélogie est là pour démontrer l'incapacité du public à accepter le changement, l'évolution d'un discours.

Que faire face à ce constat ? Si pour le moment, Disney semble avoir tout misé sur le retro-marketing et les discours promos orientés, il n'est jamais trop tard pour oser, prendre des risques et faire confiance aux artistes, contre la tentation de vouloir donner aux gens « ce qu'ils veulent ». Il est probable que le "Story Group" ne serve pour le moment pas à grand chose - à supposer qu'il ai jamais eu une existence légale. Mais là aussi, le Story Group pourrait avoir une influence non négligeable sur Kathleen Kennedy et Bob Iger, en mettant autour de la table des personnalités diverses, issues de milieux différents et ayant une sensibilité différente. Pour le moment, tout se passe comme si ce "think tank" était là pour pleurer sur les années 80 et apposer le sceau Lucasfilm sur les futures productions. Bref, si on peut dire que l'obsession permanente du contrôle de Lucas a été préjudiciable par endroit, il paraît complètement insensé de poursuivre son œuvre sans lui, et sans ce fameux rôle de consultant pour lequel il aurait pu cadrer une direction collégiale en bonne intelligence.

*Source :

Star Wars : Lucasfilm en procès contre une école de Jedi >> https://www.20minutes.fr/cinema/1946643 ? ecole-jedi

Vente de Lucasfilm à Disney : que va faire George Lucas avec ses 4 milliards de dollars ? >> http://www.ozap.com/actu/vente-de-lucas ? ars/443840

Disney ferme les portes de LucasArts >> https://www.numerama.com/magazine/25575 ? sarts.html

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#2 01-08-2018 14:12:32

matou
modérateur

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Bonne analyse Pod!
Un élément à prendre en compte, Alan Horn qui chapeaute les différents studios possédés par Disney.
Pour l’éviction de Gunn, c’est lui qui est monté au créneau. Et pourtant Macron et Feige ont plus d’indépendance que Lucasfilm.

En complément, j’ajouterai qu’il faut prendre aussi en compte la logique systémique actuelle, calquée sur la demande de rentabilité maximale. Qui amène au court-termisme et au conformisme.
On dégrade des marques en les utilisant de manière standardisée. Et donc en leur faisant perdre leur essence.

Un exemple avec HBO https://www.nytimes.com/2018/07/08/busi ? erger.html :

Le PDG de Warner média, compagnie possédant HBO:
“Also,“we’ve got to make money at the end of the day.
Le PDG de HBO:
“We do that,” Mr. Plepler responded, to scattered applause. 
Le PDG de Warner média:
“Yes, you do. Just not enough.”

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#3 05-08-2018 18:55:27

matou
modérateur

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Je me permets un retour sur l’echec de Solo. Car j’ai lu des arguments que les faits contredisent.

Déjà le film est dans le top 10 des films ayant rapporté le plus d’argent en 2018 en Amérique du Nord. Même Fallout ne le dépassera pas de beaucoup. Et il faudra attendre Noël pour que sa place dans le top 10 soit en danger.
Le film a donc fait un score qui n’est pas minable. Avec un budget de 140 millions ou moins, il ne serait pas loin de la rentabilité (hors budget marketing).
S’il est si loin de la rentabilité, c’est donc la faute de Disney quand ils ont congédié les réalisateurs. Le budget a explosé.
Si le film tient un rang assez correct sur son marché domestique, il est un four cataclysmique à l’international. C’est cet échec là qu’il faut questionner.

La date de sortie aurait été  trop proche d’en TLJ. Le studio a plutôt compté sur une vague en les rapprochant ainsi. Cela permet de voir le côté clivant de TLJ et ses effets sur le public.
Ensuite les dates rapprochées, cela aurait dû aussi jouer avec les Marvel. Or la suite de Ant Man a fait son score attendu. Et il n’est sorti que trois mois après IW...

Solo serait un personnage qui n’est pas assez connu pour attirer les foules. Parce que deadpoll et Ant man, deux personnages sont plus connus? Ils ont eu leur suite cette même année en ayant plus de succès dans le monde.
Ant man, deadpool dans leur suite, on donc fait presque autant que les premiers volets. JW II a fait 75%. Tout cela grâce a une bonne carrière internationale.
Solo est donc un échec internationalement avant tout et surtout.
La marque SW ne passionne plus. Moins qu’un Marvel mineur (la suite de Ant Man va faire entre 1,5 et 2 fois plus que Solo dans le monde, hors Amérique du Nord).

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#4 20-08-2018 11:55:20

Prelogic
Legaliste

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Une autre menace concrète plane sur la franchise : le conflit dogmatique entre Démocrates et Républicains, qui ne fait que prendre de l’ampleur depuis l’élection de Trump. Cette question politique interne aux Etats-Unis dépasse largement la seule question de l’industrie du divertissement, et commence à prendre d’un côté comme de l’autre une dimension idéologique quasi-fascisante avec de nouvelles formes de violence verbales. D’un côté, les fameux « Social Justice Warrior » (qui se considèrent à la pointe de toutes les luttes sociales), puis « les autres », désignés comme racistes et sexistes, formant ce que l’on appelle l’alt-right (une composante de l’extrême-droite américaine dont l’un des leaders emblématiques sur les réseau sociaux s’appelle Mike Cernovich).

Cette situation délétère a aussi pour origine l’expression libre et libérée de personnalités emblématiques du cinéma comme Kathleen Kennedy, Bob Iger mais aussi Chris Weitz, ouvertement hostiles à la politique de Donald Trump. On sait que Kathleen Kennedy est, par exemple, attachée à l’idée de s’entourer d’une équipe féminisée pour le développement des futurs projets (une façon aussi, pour elle, de s’émanciper de ses mentors et de montrer une image plus moderne de la femme au travail que ce que veut bien en montrer Trump). On sait également que Bob Iger et Donald Trump ne passeront pas leurs vacances ensemble. Et pour finir, on sait que Rogue One a été l’occasion pour Chris Weitz de faire passer des messages politiques à peine subliminaux.

Entre le marteau et l’enclume, les fans de Star Wars sont sommés de choisir. Et c’est comme cela qu’on se retrouve avec des malentendus énormes et des polémiques stériles, savamment entretenus par des VRP bénévoles, persuadés d’avoir pour mission de faire régner l’ordre juste – ou juste de l’ordre ? Alors qu'en réalité, ils sont les pantins des deux éléphants politiques US, qui cherchent à manipuler l'opinion comme autant de « cerveaux disponibles » pour la propagande politique. Les fans de Star Wars où qu'ils se trouvent dans le monde seraient donc devenus, sans même le savoir, des militants démocrates, voire communistes dans les cas les plus cristallins. En tout cas, jusqu'à ce que Kathleen Kennedy soit remplacée par un Républicain à la tête de Lucasfilm, sait-on jamais hihi

Le moment est idéal pour se rappeler que Lucas, actionnaire majoritaire et grand manitou de Lucasfilm à l'époque, ne souhaitait pas véritablement rentrer dans ces luttes de pouvoir, ni faire de son art un enjeu de domination. Ceci alors même que le bonhomme a probablement des idées politiques proches d’un Bernie Sanders – le candidat d’extrême gauche malheureux à la présidence, qui n’a jamais vraiment accepté la domination d’Hillary Clinton sur le camp démocrate. La majeure partie de la vie de Lucas a consisté à inventer, repousser les limites technologiques, créer des fondations et donner de l’argent pour l’éducation. Tout ça sans évoquer, bien sûr, le prochain Musée des arts narratifs qui devrait permettre à Lucas d’exposer une partie de sa collection d’œuvres d’art personnelle.

Dans le meilleur des cas, il faudrait cesser de prendre l’univers de Star Wars en otage, et poursuivre le combat politique sur un plan plus humain, plus universel. Il n’y a pas moins de crétins à Gauche qu’à Droite, mais il y a 1 000 façons de parler d’amour et de compassion dans un univers de fiction.

*Source >> https://www.lemonde.fr/pixels/article/2 ? 08996.html
*Source >>https://fr.ubergizmo.com/2016/11/23/ant ? ction.html
*Source >> https://www.parismatch.com/Actu/Interna ? es-1528553

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#5 20-08-2018 15:41:56

matou
modérateur

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Je suis d’accord avec toi.
Quelques nuances.
Sanders est de gauche et non d’extrême gauche. Son propre parti a agit avec lui d’une manière déshonorante et on peut parler de trahison de la part de l’élite du parti Democrat à son encontre.

Abrams, Iger, Kennedy etc sont des Democrats à une époque où ce parti est devenu de plus en plus hypocrite.
Deneault a bien analysé cette dérive.
Ce piège dont tu parles, est un piège dont autant Trump que les Democrats sont les mâchoires.
Trump doit son élection et sa future réélection au fait qu’une parti croissante de la majorité des classes populaires subit un déclassement.
Et face à ce déclassement, les Democrats ne font que de la morale pour des causes annexe.
Trump ne fait que leur donner une figure d’identification, en maniant vulgarité, effet de manche et de démagogie.
Mais il incarne aussi une rupture au sein du peuple Republicans. Rupture avec des éléments du dogme économique et stratégique dominant.
Avec l’Alt Right, c’est une rupture plus radicale encore qui est proposée. Mais cette rupture se nourrit du ressentiment à cause du déclassement et de voir que de riches personnes Democrats viennent en plus leur faire la morale.

En somme, Trump est à la hauteur de son camp alors que les Democrats sont de plus en plus hors sol. Ils agrègent contre eux une parti du peuple qui les perçoit de plus en plus comme ceux responsables de leur problème et qui en plus les insulte.

En art, le propos a une importance. Mais ce propos ne peut être simpliste. Or ces Democrats ne pensent plus, ils ne font que plaquer sur la réalité des simplifications.
D’où des films indigents qui se veulent des Résistances...
Par exemple Black Panthers en est un bon représentant. Les enjeux véritables sont tellement mal traités que ce qui aurait pu être une vraie réflexion politique, ne sera qu’un prétexte pour des scènes d’action.

Le piège dont tu parles, a une origine. C’est le mépris du public. Le prendre pour un con et le gaver de simplismes.
Chose que ni Lucas, ni Sanders n’ont fait.

Et cette prise en étau du public mondial, dans un étau totalement US, peut expliquer pourquoi le monde et l’Asie se détournent de SW.

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#6 21-09-2018 16:14:49

Prelogic
Legaliste

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Depuis plusieurs années (et avec le rachat de Lucasfilm par Walt-Disney), on nous rabâche que Lucasfilm n’a rien perdu de son indépendance et de son autonomie. Ceux qui disent le contraire seraient donc des paranoïaques adeptes de la théorie du complot. La réalité, même si elle peut paraître insupportable, n’en est pas moins là : le changement de propriétaire a donné lieu à des changements structurels, économiques et culturels (au sens de la culture d’entreprise). Lucasfilm est aujourd'hui, d'après ses nouveaux statuts, une « Société à responsabilité limitée ». Même si l’entreprise de Lucas et la compagnie fondée par feu Walt-Disney ont des propriétés communes, il n’en demeure pas moins que George Lucas a construit un Empire doté d’une certaine identité culturelle, ainsi que d’une certaine sensibilité – celle de Lucas en l’occurrence, qui s’est battu durant toute sa carrière pour faire admettre des films dont même la compagnie Walt-Disney ne voulait pas entendre parler à l’époque. Des gens comme Ron Howard, John Milius, Francis Ford Coppola ou Steven Spielberg, comprenaient ce besoin d’indépendance et y ont même contribué à leur manière.

Dans l’imaginaire collectif des fans de Star Wars, la compagnie Walt-Disney serait donc, en réalité, une sorte de société philanthropique qui ne procèderait à aucune forme d’ingérence sur la désormais filiale Lucasfilm. L’incarnation idéale et fantasmée de l’Oncle Sam, le tout dans un esprit paternaliste. La réalité, c'est que cet idéal a probablement disparu en même temps que le fondateur historique et emblématique de la société (Walt-Disney est mort en 1966), ainsi qu’avec le départ progressif de Lucas aux affaires (qui n’a jamais occupé son rôle effectif de consultant). On a remplacé progressivement des humanistes par des gérants, des gestionnaires et des chief executive officer (ou CEO) dont l’ambition n’est plus de créer, mais de conserver le contrôle et l’exploitation de propriétés intellectuelles, d’assurer leur position tout en validant une logique d’actionnariat – le Conseil d’administration de Walt-Disney est essentiellement représenté par des fonds de pension, et George Lucas est aujourd’hui le premier de ces rentiers, puisqu’il dispose aux dernières nouvelles de 40 millions d’actions (c’est-à-dire qu’il détient près de 2% du capital de Disney, ce qui n’est pas rien).

Lorsque Lucas est installé à la tête de Lucasfilm, il en est l’actionnaire principal et majoritaire. Ce qui signifie que pendant des années, les recettes sur les produits dérivés (dont il détenait l’exclusivité grâce à un accord malin au détriment de la Fox) lui permettaient de vivre et de financer son Empire indépendant. Une situation que n’a jamais acceptée la fanbase, qui estimait avoir investi dans l’univers de Star Wars et en détenir ainsi une part, au moins sentimentale.

Lorsque Walt-Disney rachète Lucasfilm en 2012, cette situation est largement entendue et comprise. Ainsi, pour résumer violemment les choses, la propriété intellectuelle de Star Wars s’est inévitablement transformée en propriété industrielle : Bob Iger (le véritable dirigeant de Lucasfilm) n’a pas la même ambition que Lucas, ni le même rapport à la saga. Son objectif est moins de soutenir l’art, les petits réalisateurs indépendants ou même l'opinion de Lucas sur sa propre création, mais d’assurer la rente annuelle et l'exercice comptable. Et la seule façon de réussir, c’est de capitaliser sur ce qui fédère le public : le retro-marketing et l’affection légitime pour la trilogie classique.

Cette orientation vintage est en train de fatiguer une partie du public, de même que l’exploitation tout azimut de la marque « Star Wars » au cinéma, une situation à laquelle le public historique n’est pas habitué. La réaction de Walt-Disney face aux mauvais scores du spin-off Solo est donc prévisible, mais interpelle aussi sur la compréhension des cadres de Disney face à la véritable nature du problème. En effet, le public ne semble pas repprocher le « trop-plein » de Star Wars au cinéma, mais plutôt l’extrême pauvreté et la manque d’ambition des productions actuelles. L’un ne va probablement pas sans l’autre, car a fallu du temps, de la méticulosité et de la réflexion pour faire de Star Wars ce qu’il est aujourd’hui : un phénomène social, tout autant qu’un mythe moderne. Or, Walt-Disney capitalise depuis le départ exclusivement sur l’affecte et l’image de marque, ne comprenant visiblement pas la sensibilité particulière qui émane de la seule saga en 6 films (une saga qui a eu besoin de 40 ans pour émerger et sortir de terre).

Aujourd’hui, donc, Bob Iger le véritable patron de Lucasfilm assume ses torts, et relègue Kathleen Kennedy a l’état de simple employée ayant commis une bourde – ou est d’ailleurs passée la dame de fer ? Beaucoup s’interrogent sur un précédent Conseil d’administration qui aurait mal tourné, laissant Kathleen sur la sellette. Il déclare ainsi : « J’ai moi-même pris la décision de ce timing et je pense que j’ai fait une erreur. C’était trop rapide. Vous pouvez vous attendre à un ralentissement, même si cela ne veut pas dire que nous n’allons plus rien faire du tout. Mais je pense que nous allons être un peu plus prudents concernant le timing et le volume des films ».

Cela rappelle les dernières déclarations de Dave Hollis, chef de la distribution chez Disney et interrogé par The Hollywood Reporter :  « Nous avons beaucoup de travail à faire pour essayer de comprendre. Nous sommes dessus et nous passerons beaucoup de temps à creuser pour savoir pourquoi les choses ne sont pas passées comme prévu et n'ont pas fonctionné, il nous reste un an et demi avant la sortie de l'épisode IX. ».

Une seule conclusion à tout ceci : moins de films, oui certainement. Des films de meilleure qualité, également. Au lieu de se servir de la situation comme d’un énième prétexte marketing, transformons l’occasion donnée de se poser, de réfléchir au sens délicat et sensible de l’œuvre de George Lucas. Chassons la tentation du « retour aux sources » et organisons les conditions de nouvelles approches artistiques, dans l’esprit entrepreneurial qui a toujours présidé depuis 1977.

Bob Iger doit montrer le même courage que Alan Ladd Jr, ancien Président de la Fox, qui a bataillé contre le Conseil d'administration pour faire admettre un petit film de Science-Fiction auquel personne ne croyait. C'était en 1977... Quand à la Compagnie Walt-Disney dans son ensemble, elle est sur le point de redécouvrir l'importance des messages humanistes, des valeurs positives et morales dans un exercice de cinéma un minimum désintéressé. Reste à savoir quelle position sera adoptée par rapport à cette (désormais bien triste) réalité.

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#7 22-09-2018 10:07:06

matou
modérateur

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Je souscris absolument à ce que tu dis.
Avec des nuances. Dans cette histoire, comme souvent, ce qui n’est pas dit est aussi important que ce qui est dit.
Il y a sur la table 8 films. Deux trilogies et deux spin off.
Autant d’annonces faites avant le rachat de la Fox. Avant la sortie de l’épisode 8.
Ce genre d’annonce, je pense, étaient en faite des déclarations pour faire monter les cours de Disney à la bourse. Et dans la négation c’était utile.

8 films alors que le planning de Disney Fox va devenir un énorme casse tête, c’est se compliquer la vie. Pour une rentabilité en baisse.
8 films à raison d’un film tous les deux ans, cela donne 16 ans! L’industrie  hollywoodienne ne fonctionne pas avec de telles échéances.
A moins de basculer sur le site de streaming...

Le ralentissement est aussi un contre feux pour ne pas admettre la détérioration de la marque. Pour ne pas admettre les nombreux couacs pendant la production des films.
Ce n’est pas le rythme qui pose problème. Marvel s’en tire très bien avec un rythme plus élevé.
C’est que les films sont devenus le contraire de ce qu’ils étaient , des films d’ececutifs. Cad des produits.
Solo en est un parfait exemple.
Si Lord et Miller était resté avec le budget initial, le résultat n’aurait pas être pire et le film aurait pu être rentable.
Virer les réalisateurs et doubler le budget est du ressort de Disney.

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#8 24-09-2018 15:05:29

Prelogic
Legaliste

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Tu es en train de nous expliquer que, finalement, la réaction de Bob Iger n’a rien à voir avec un constat objectif, mais plutôt avec une stratégie de communication pour influer sur le cours de l’action ? Et qu’il fallait rassurer le marché à la suite du rachat des actifs de la Fox, dont le portefeuille de licences s’apprête à passer sous giron de Marvel ? C’est vrai qu’à ce rythme-là, on peut se demander si les lois anti-trust aux Etats-Unis ont encore une légitimité.

En réalité, je préfère cette explication plutôt que de devoir trouver des états d’âmes à Bob Iger ou à Kathleen Kennedy. J’ai passé assez de temps à autopsier ces personnages, sans jamais leur trouver des excuses valables autres que « it’s just business » - Quand Lucas disait « it’s just a movie ».

J’aime bien quand Durendal ressort en vidéo un extrait de la dernière saison de Rebels (à priori ?) avec un avatar de Katheen Kennedy qui déclare sans faiblir : « Je me fiche pas mal de l’art ». Cynisme ou acte citoyen de la part d’un exécutant ? Jeff Bridges a quant à lui un avis tranché sur la question, lorsqu’il fait face à Robert Downey jr : « Nous ne l’avons fait que pour calmer cette bande de hippies ! » mrgreen

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#9 11-10-2018 11:58:25

Prelogic
Legaliste

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Sachez-le : si vous avez un problème avec le film de Rian Johnson (ou d’une manière plus générale, avec les productions Lucasfilm actuelles), vous êtes un espion opérant pour une puissance étrangère, un agent du KGB voire un « troll activiste ». Ce sont les recherches de Morten Bay, ancien journaliste aujourd’hui doctorant en communication et journalisme en Caroline du Sud qui tendent à donner corps à cette réalité. Son étude analyse ainsi près de 1273 tweets adressés directement au compte du réalisateur Rian Johnson, entre le 13 décembre 2017 (date de la première sortie européenne), et le 20 juillet 2018.

Après un nettoyage de la base de données qui comprenait notamment des doublons et des tweets uniquement composés d’images, Morten Bay se retrouve avec 967 tweets qu’il répartit en trois catégories : les réactions positives, les réactions neutres et les réactions négatives. Parmi les réactions négatives, le chercheur est parvenu à la conclusion que 50,9% d’entre eux étaient motivés soit par ce qu’il appelle un « agenda politique », soit par l’œuvre d’un bot. Certains comptes qualifiés ainsi d’extrême droite auraient été « réactivés » après avoir été endormi pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Du côté des avis positifs, la plupart ont été signalés comme « appartenant à un humain identifiable avec de grandes chances d'être réel».

Mais Morten Bay ne se contente pas uniquement d'avancer des chiffres. Il conclue et affirme : « les discussions critiques autour des Derniers Jedi ont été alimentées pour notamment accentuer "le dysfonctionnement de la société américaine" ».

Au-delà des querelles intestines entre les groupies pour savoir si cette étude est objective où orientée, il est intéressant de constater l’extrême fébrilité politique qui règne aux Etats-Unis, et la tentation de revenir encore et toujours à Donald Trump et ses « prétendues » accointances avec la Russie et ce que l'on appelle la Droite alternative ou Alt-Right. Il faut rappeler que depuis son élection contestée à la tête du pays, Donald Trump est accusé d’avoir tiré profit de documents confidentiels en lien avec une influence étrangère extérieure, ceci en vue de manipuler le résultat des élections de 2016. Récemment encore, son gendre a été entendu par deux commissions d’enquête parlementaires, lundi 24 et mardi 25 juillet. Le fils ainé de Donald Trump a également été convoqué devant le Congrès.

Cette nouvelle affaire rejoint donc le constat fait plus haut, et alimente non seulement les tensions politiques sur une échelle internationale, mais également la rancœur des fans de Star Wars entre eux qui trouvent là matière à donner corps à leurs fantasmes victimaires : dans le meilleur des cas, le fan critique n’existe pas. Sinon, il est un relais raciste agissant (encore mieux !) pour le compte d’une puissance étrangère. A côté de cela, une réalité existe : les relations conflictuelles entre Bob Iger et Donald Trump, et l'hostilité revendiquée de certains scénaristes comme Garry Whitta qui ont utilisé leur travail pour faire passer des messages politiques. Ce qui a sans doute réactivé progressivement ces fameux comptes fantômes, comme autant de réactions défensives.

Comme toujours, même constat : il est dommage que l'industrie du divertissement soit prise en otage de lobbies et querelles politiques, alors même que l'école de pensée trilo-fétichiste continue de faire des ravages sur cet univers de fiction qui n'avais jamais eu à subir de telles pressions de tous les côtés.

Dernière modification par Prelogic (11-10-2018 15:29:31)


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#10 11-10-2018 13:33:56

matou
modérateur

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Su un art soit utilisé pour faire passer des messages, c’est du registre du normal.
Aucune production n’est neutre même si cela ne se voit pas au premier coup d’oeil.
Et pour compliquer le tout, on peut être un film superbe avec un propos très limite...

Dans cette affaire, ce qu’il ne faut pas perdre de vue c’est que ces prétendu « opposants » à Trump, sont ceux qui ont permis ses succès par leur hypocrisie et la collusion d’intérêt avec les dominants.
Et cette opposition n’est pas à la hauteur de l’éjeu, quand elle ne saborde pas ceux capables de vraiment être une alternative de progrès comme Sanders.

Trump et Iger, soit disant opposé, en fait les deux mâchoires du même piège à cons...

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#11 11-10-2018 14:36:35

Prelogic
Legaliste

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Nous sommes d’accord pour dire qu’une œuvre de l’esprit (qu’il s’agisse d’un blockbuster ou d’une œuvre plus personnelle) ne peut s’affranchir de faire passer des messages. Que ce soit par le biais de la mise en scène et / ou de l’objet même du film. Par exemple, le cinéma de Clint Eastwood (qui est un acteur ouvertement engagé aux côtés de la Droite Républicaine) traite régulièrement du problème des armes et de la violence aux Etats-Unis, par le biais de son prisme à lui. En ce sens, j’ai trouvé que American Sniper était un peu la quintessence des préoccupations d’Eastwood : le peuple américain a un rapport très particulier et historique avec les armes à feu qu’il faut comprendre comme tel, mais c’est aussi ce rapport quasi-abusif qui est la cause de la désintégration du peuple américain qui finit par s’entre-tuer.

Dans un autre registre, Independance Day est lui aussi magnifique : il vante l’Amérique triomphante, à travers un authentique spot de propagande de 145 minutes. Roland Emmerich a eu beau s’expliquer sur le caractère « décalé » de son film, la suite n’a fait que confirmer que la voie choisie était une impasse (on ne peut pas développer une franchise entière sur le même modèle indéfiniment). Ne parlons même pas de la franchise Transformers au cinéma, qui a été l'occasion pour Michael Bay d'étaler ses excellents rapports avec l'armée américaine.

Ce qui se passe avec Star Wars à l’heure actuelle me fait penser à l’époque des années 80, ou Verhoeven se raillait du modèle américain voulu par Ronald Reagan en faisant de l’OCP et de Robocop des nouvelles figures du fascisme. Il faut se souvenir des spots d’informations qui ponctuaient ce film et Starship Troopers. Ce dernier film avait d’ailleurs été vilipendé par une certaine presse, lui reprochant son côté pro-militariste, voire fasciste. Axeld Cadieux, journaliste à So Film et co-auteur de Total Spectacle (un ouvrage collectif consacré à Paul Verhoeven) avait d’ailleurs estimé que « les journalistes américains le prenaient d’autant plus mal qu’il s’agissait d’un réalisateur néerlandais venant marcher sur leur plate-bandes, avec un film aux antipodes des valeurs qu’ils prônent, la plupart étant des démocrates et pas du tout va-t-en-guerre ».

Sauf que cette fois-ci, le conflit est interne aux Etats-Unis, et les réalisateurs / producteurs / scénaristes à l’œuvre sur les derniers Star-Wars ne sont pas des réalisateurs étrangers jetant un regard espiègle sur le monde, mais des professionnels du divertissement en conflit idéologique ouvert avec la présidence de leur pays. Ce que tu dis me fait sourire, mais c’est vrai : « Trump et Iger sont les deux mâchoires du même piège à con ». Précisément parce que, pendant que les deux se bouffent le nez en utilisant leur influence et position dominante dans leur microcosme, le peuple souffre. Et le public est acculé entre « le camp du bien » et « le camp du mal » et la critique est vécue d’un côté comme de l’autre comme fascisante. Je ne sais pas si Sanders aurait fait un meilleur candidat à la présidence, moi qui ne suis pas spécialement « écolo-gaucho-populiste », mais je suis désormais prêt à mettre en doute mes certitudes.

Avec Lucas, je pense que le problème ne se posait pas : peut-être aussi parce que le monde avait un autre visage que celui du terrorisme (La Menace Fantôme est sortie au cinéma avant les attentats du 11 septembre par exemple), mais peut-être aussi parce que Lucas avait un positionnement entrepreneurial bienveillant, avec un modèle économique assez rare et accepté par une majeure partie du public. Mais avec l'avènement de l'Internet commercial, et le lynchage systématique, Lucas finira par dire quelque chose comme : « Aujourd'hui, c'est devenu très vicieux et personnel ».

De toute façon, je ne crois pas que la destitution de Donald Trump ou la victoire du Camp démocrate aux prochaines élections puisse changer quoi que ce soit. Le monde change, et les rapports de force également. Nous sommes entrés dans l'ère du soupçon. On voit d’ailleurs les soubresauts éprouvés par les studios, et la difficulté à fédérer autour de licences pourtant populaires. On ne peut plus faire sans les économies "émergentes" également. Les Etats-Unis ne sont plus le centre du monde, mais continuent cependant de demeurer la préoccupation numéro 1 de la planète entière.

Dernière modification par Prelogic (11-10-2018 14:51:30)


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#12 09-02-2019 16:02:37

matou
modérateur

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Une fuite sur les costumes.
https://www.google.fr/amp/s/amp.reddit. ? ce_photos/

Je vous laisse commenter. Moi j’y vois une dispute de cours de récrée entre Abrams et Johnson.

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#13 09-02-2019 16:14:02

Haeresis
membre

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Moi ça me désole.
Rien que Kylo et son casque me donnent envie de dire ceci: "Oublie le passé, tue-le si il le faut. Mais rafistole-le quand même au cas où."


Humans are weak, and make mistakes. What's wrong with that ? We're not machines.  Captain Hijikata - Yamato 2202

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#14 09-02-2019 16:27:36

scorpius
Nowhere Man

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Le casque de Kylo Ren, ça avait leaké il y a quelques mois (mais on avait pas eu de photos) la personne responsable du leak avait également expliqué que

Spoiler

la raison pour laquelle on a pas encore vu les "Chevaliers de Ren" est que depuis avant même l'épisode 7, ils sont en mission pour Snoke dans les régions inéxplorées de la galaxie. On les verrait revenir dans cet épisode 9 (ayant réussi leur mission qui serait liée à la menace centrale du film) et ils vont s'opposer à Kylo qui va devoir s'allier momentanément avec Rey pour les vaincre (le film s'achèverait malgré tout sur une confrontation entre Kylo Ren & Rey).

Tout de suite le leak gagne en crédibilité...

Mais sinon le rafistolage du casque n'est pas surprenant, il est certain que JJ va défaire la majorité des trucs de Johnson (ou du moins essayer). Pour le reste j'aime bien le look de Rey et celui de Poe (pour ce qu'on en voit).

Dernière modification par scorpius (09-02-2019 17:12:00)

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#15 09-02-2019 18:11:54

matou
modérateur

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Cette fuite confirme aussi des éléments sur l’appartenance de certains personnages joués par les acteurs annoncés.
Rey a un costume très ressemblant à ceux d’Amidala.

Pour le casque, la symbolique d’Abrams serait que Kylo serait un être brisé. Pas inintéressant en soi mais avec ce traitement...

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#16 11-02-2019 10:51:01

Prelogic
Legaliste

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Restructurations en catimini chez Lucasfilm.

Les mauvais résultats de Solo au Box-Office et la mauvaise réception de The Last Jedi ont quelque peu ébranlé la machine bien rodée. Pendant un temps durant l’été 2018, les rumeurs ont fait état d’un débarquement de Kathleen Kennedy de son poste de PDG de Lucasfilm. Pourtant, le Hollywood Reporter annonce dès le mois d’octobre 2018 que la Dame de fer est renouvelée à son poste pour trois années supplémentaires.

Quelques semaines / mois plus tard, on découvre que Kiri Hart n’apparait plus dans l’organigramme officiel de Lucasfilm. C’est le réalisateur britannique Marc John (également responsable d’une petite société de retransmission live d’évènements de fans) qui découvre l’affaire alors qu’il est sur le point de réaliser un documentaire à propos de la mauvaise réception des films SW récents. Marc John a un petit passif avec Lucasfilm, contre qui il a gagné un procès au moment de réaliser une interview de Dave Prowse. Jusqu’à aujourd’hui, Kiri Hart était considérée comme le bras droit de Kathleen Kennedy, avec un poste de Vice-Présidente en charge du développement. Elle était également responsable du Story Group, ce « think tank » interne occupé à valider les futurs concepts pour créer un univers cohérent. Hart était même pressentie pour remplacer Kennedy à la tête de Lucasfilm.

Qui plu est, Hart peut être considérée comme la face visible de la politique féministe engagée par Kennedy. Au mois de décembre 2017, la principale intéressée exprimait son intérêt à « créer des personnages féminins réalistes, et à raconter l’histoire du point de vue d’un « outsider ». On retrouve probablement un peu de cette réflexion dans la caractérisation des personnages de Daisy Ridley et Felicity Jones.

Ce qui surprend avec cette affaire, c’est le silence des médias et d’Hollywood, alors même que la politique de Disney en matière d’exploitation de franchise apparait comme particulièrement clivante. On apprendra finalement un peu plus tard par le biais de Vanity Fair que Kiri Hart a quitté le Story Group pour occuper un poste de consultant – le même qui aurait du revenir, finalement, à George Lucas il y a quelques années.

Parallèlement à cette histoire, Pablo Hidalgo considéré comme l’un des membres les plus éminents du Story Group, affirme ne pas connaître le titre de l’Episode IX. Ce qui repose à nouveau la question de la légitimité du Story Group et de sa prédominance institutionnelle sur les traficotages de JJ Abrams et son culte du secret. On a le sentiment, finalement, que le Story Group est uniquement constitué d’employés de bibliothèques chargés de traquer les inrendus. Ceci alors même que le Story Group devait être la réponse « collegiale » à la gestion paternaliste et omnipotente de Lucas sur sa propre création.

Finalement, le démantèlement de l'actionnariat unique constitué par la personne physique George Lucas n'a pas permis d'accoucher d'une solution viable en remplacement. On identifie certes des décisionnaires et des "figures", chargées de prendre les coups et de représenter l'institution devant les médias, mais il manque cruellement une autorité morale et intellectuelle qui connait cet univers et qui serait capable d'en irriguer les fondements par le biais d'une réflexion anthropologique.

Dernière modification par Prelogic (11-02-2019 11:02:11)


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#17 11-02-2019 12:57:05

dvmy
Génie incompris qui se comprend

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Le numéro 2 de Lucasfilm c'est Doug Chiang. Malheureusement il n'a absolument rien d'un cinéaste...


On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. (Desproges)

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#18 25-03-2019 01:19:16

matou
modérateur

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Des rumeurs sur le futur de SW.
Attirer le public de GoT. N’étant pas fan, je suis donc de ceux, trop vieux ou trop politique pour être intéressant ?
https://www.unificationfrance.com/article56472.html

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#19 26-03-2019 01:44:02

Synock
Cuitasses les patatas

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

matou a écrit :

N’étant pas fan, je suis donc de ceux, trop vieux ou trop politique pour être intéressant ?

C'est surtout que tu es trop peu nombreux je pense.

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#20 26-03-2019 20:58:32

Alan Smithee
alias de Dvmy

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

matou a écrit :

Des rumeurs sur le futur de SW.
Attirer le public de GoT. N’étant pas fan, je suis donc de ceux, trop vieux ou trop politique pour être intéressant ?
https://www.unificationfrance.com/article56472.html

Un Star Wars médiéval ça peut le faire. Malheureusement ces deux personnages ne sont pas dur tout à la hauteur de la tâche. Quand on met Star Wars entre les mains de téléastes on a vu ce que ça donne: un Star Wars VII aux allures de téléfilm de luxe.

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#21 27-03-2019 00:28:17

scorpius
Nowhere Man

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Il n'y a aucune comparaison possible entre JJ Abrams/toute la clique Bad Robots d'un côté et le duo David Benioff/Dave Weiss de l'autre. Ces derniers sont loin d'être de simples téléastes. Quoi qu'on pense de "Got" sur le fond, d'un point de vue formel, en terme de logistique et d'ambition cinématographique, c'est une série révolutionnaire. Probablement la première série à avoir repris, justement, le flambeau de Lucas et ses tentatives de brouiller la frontière entre cinéma et télévision avec "Young Indiana Jones" et "The Clone Wars".

Sinon concernant cette rumeur, ma foi, le seul fait de situer ces films dans une période temporelle inexplorée et très éloignée des autres films de la saga, c'est déjà un point très positif si ça se confirme.

Dernière modification par scorpius (27-03-2019 00:28:49)

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#22 27-03-2019 07:56:49

Alan Smithee
alias de Dvmy

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Sur leur CV il n'y a que de la télé, hormis le scenario de Troie... Un téléfilm de luxe. Ce sont bien des téléastes et on ne devient pas cinéaste en claquant des doigts. Le talent n'a rien à voir là-dedans. On ne conçoit pas un film comme un long épisode de série télé. L'épisode 7 est un exemple de ce qu'il ne faut pas faire : Cliffhanger de fin d'épisode et personnages plus importants que l'univers dans lequel ils évoluent. Pour moi ils ne sont pas à la hauteur de la tâche.

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#23 27-03-2019 08:42:37

scorpius
Nowhere Man

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Je m'étais contenté d'aborder la question de "forme" et celle du processus créatif de la serie versant réalisation qui est totalement cinématographique (la grande bataille à venir de la saison 8 aura nécessitée 55 jours de tournage, ce n'est plus de la télévision, point). Rien à voir avec Felicity, Alias, Lost ou Fringe. 

Maintenant si on parle de narration, Benioff a écrit 25th Hour de Spike Lee (qu'il a adapté de son propre roman) ainsi que Brothers ou encore The Kite Runner. Pas des blockbusters, mais néanmoins des films de cinéma. Quand à Troy, son manque d'ampleur ou son "académisme" (si c'est la raison qui te pousse à le qualifier de téléfilm) est largement corrigé par le director's cut. Ensuite, "Got" continue d'un point de vue narratif de répondre aux attentes d'une narration feuilletonnesque, mais en soit ce n'est pas uniquement la marque d'une empreinte télévisuelle.
En tout cas, je vois pas trop en quoi ça pose nécessairement problème au vu de l'ADN sérialesque de Star Wars. La conclusion probablement la plus marquante de la saga, à savoir celle d' ESB met en avant les personnages/une relation soap (Vader est le père de Luke) et s'achève sur un cliffhanger avec le kidnapping/la recherche de Han Solo. Pas de grandes différences avec la révélation que Jon Snow n'est autre qu'Aegon Targaryen, véritable héritier du trone et le cliffhanger de la destruction du Mur par le Night King.

Dernière modification par scorpius (27-03-2019 08:46:22)

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#24 27-03-2019 11:10:35

Prelogic
Legaliste

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Kathleen Kennedy continue d’acheter des noms, comme elle l’avait fait avec Trevorrow au sortir de son Jurassic World qui avait atteint des scores insensés au box-office. Je doute personnellement que cette stratégie de recrutement s’intéresse à autre chose qu’à des mesures d’audience. Tout le monde se fiche de savoir qu’avant Jurassic World, Trevorrow avait commis le sympathique « Safety not garanteed » (que personne n’a vu). Personne ne s’intéresse vraiment au fait que Benioff a écrit pour Spike Lee. Tout ce qui compte c’est de capter un public sur la base d’une image de marque. Et la série GOT cartonne et est devenu un phénomène de société auprès des 17 – 34 ans. Ça fait 8 ans que ça dure, il est normal que cela suscite l’intérêt des producteurs influents - comme Matou, je me sens un peu largué.

Ce qui est inquiétant, c’est que le tandem Disney / Lucasfilm ne semble pas savoir faire autrement que de transposer le modèle Marvel tout azimut, en recrutant effectivement des profils télévisuels capables de soutenir une logique de production sur le long terme. C’est d’ailleurs la faiblesse du MCU, avec le tandem Russo qui a fourni sans doute les meilleurs scripts, mais avec une mise en scène de téléfilm judiciaire new-yorkais. Il faut retourner au caractère épique, rare et précieux d’une soirée au cinéma et laisser à la télévision ce qui lui revient de droit.

Tout ce qui compte à présent, c’est le retour au bercail de l’aventure naïve sur fond de soap-opéra. Quel est le rapport de Benioff et Weiss à la mythologie de Lucas ? Sont-ils sensibles aux arguments développés par la génération Abrams, qui parvient difficilement à s’arracher du trauma de la petite enfance ? Vont-ils faire de véritables propositions de cinéma, et oser un travail d’écriture sérieux qui ne soit pas un prétexte à verser dans une forme de mélancolie chronique ? Si vraiment l’idée est de prospecter 1 000 ans avant La Menace Fantôme par exemple, Benioff et Weiss ont à leur disposition un matériel colossal. Le contexte de l’Ancienne République a été largement élagué par l’UE Legends, et certaines extensions numériques du MMORPG Knight of the Eternal Throne sont plus denses d’un point de vue dramatique, tout en respectant la mythologie de Lucas que les 4 films les plus récents. Le tout en deux minutes d’animation.

Lucas est de la génération des péplums de Cecil B. DeMille et William Wyler. Je crois que s’il avait voulu prospecter la période Old Republic, il aurait étudié Les Dix Commandements, Ben-Hur ou Les derniers jours de Pompéi. Reste à savoir maintenant si Benioff et Weiss sont sur la même longueur d’onde, et si leurs idées peuvent avoir un sens dans la grande équation. Ou si nous devons nous attendre à un énième produit jetable qui prendra rapidement la poussière, aussitôt que le public se détournera pour un autre produit plus sexi.

Dernière modification par Prelogic (27-03-2019 11:12:51)


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#25 27-03-2019 15:30:23

matou
modérateur

Re : Le futur de Star Wars - Menaces et espoirs sur la saga

Prendre des personnes qui ont réussi à la télé est toujours un risque. Même s’ils ont travaillé au cinéma. Avec Star trek on a des exemples nuancés à ce sujet.
GoT est clivant alors que SW est consensuel.
Vouloir faire venir un public est une démarche de producteur. Cela peut donc pousser à demander faire des choix qui vont rendre SW aussi clivant que GoT.
Exclure un public est un souci. Et si c’est pour viser les 17 34 ans. c’est la recherche d’un segment déjà très recherché. C’est donc une politique à court terme.
SW devient bien des films de studio. A voir combien de temps une marque aussi forte pourra tenir dans le temps avec cette logique.

Sur la proposition, si on a des scènes aussi ridicule et dénudée qu’une certaine scène dans Marco Polo, où une femme nue tue les soldats venus l’arrêter, SW y perdra beaucoup.
Si dans cette trilogie, on nous ressort les jedis gris, là encore, non merci.
Pourquoi? Car en deux trilogie Disney on n’aura jamais eu de jedi lumineux !
De ceux qui ont une philosophie, des principes et une spiritualité. De ce qui élève une histoire.
Que apparemment, depuis le rachat  estime que faire des gens avec de ses convictions, des principes de l’intelligence, le tout  au service d’un intérêt supérieur à leur personne, c’est ni d’époque, ni intéressant (pour le public), ni dans ce qu’ils savent faire.
Donc restons ouvert mais exigeant. En demandant que l’artistique prenne le dessus, en allant avec un bon traitement, vers des histoires pour tous et positives.

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