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#1 12-08-2015 13:30:20

DrAg0r
Dra'ghoH

Geek ?

Un petit sondage, non pas pour savoir si vous vous considérez comme "geek" ou pas, ni pour savoir ce que vous pensez de la "communauté geek" ou de la "culture geek". Mais plutôt d'un point de vue sémantique, comment vous percevez le mot "geek" en tant que mot désignant une catégorie de personnes et/ou d’œuvres. Je précise : Dans les pays francophones.

J'ai essayé de proposer un éventail de réponses assez large, il est possible de cocher jusqu'à trois cases, ce qui peut permettre de nuancer un avis.
J'ai probablement oublié certaines options, et je m'en excuse par avance.

Et je vous invite à préciser et à en discuter. cheers

Comment vous situez vous vis-à-vis du terme "geek" ?

  1. Je le trouve pertinent et efficace.(voix 2 [33.33%])

    33.33%

  2. Il est perverti par les faux geeks.(voix 0 [0%])

    0%

  3. C'était rigolo quand c'était une insulte, mais maintenant que c'est positif ça n'a plus d'intérêt.(voix 2 [33.33%])

    33.33%

  4. Je ne sais pas ce que ça veut dire.(voix 0 [0%])

    0%

  5. C'est un anglicisme inutile.(voix 1 [16.67%])

    16.67%

  6. Ça ne veut rien dire.(voix 0 [0%])

    0%

  7. Je m'en fiche. Ça ne m'intéresse pas.(voix 0 [0%])

    0%

  8. Il fait sens, mais est trop utilisé à tord et à travers(voix 2 [33.33%])

    33.33%

  9. C'est devenu une marque commerciale.(voix 6 [100%])

    100%

  10. C'est insultant.(voix 0 [0%])

    0%

  11. Je n'aime pas que l'on catégorise les individus.(voix 0 [0%])

    0%

  12. Il y a d'autres termes plus pertinents.(voix 1 [16.67%])

    16.67%

Votes totaux: 6

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Dernière modification par DrAg0r (12-08-2015 15:26:31)


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#2 12-08-2015 14:17:19

matou
modérateur

Re : Geek ?

Le problème je pense c'est qu'il a été inventé ou trouvé pour parler d'une catégorie de personnes dans un autre pays. Et il a été mondialisé en même temps qu'a avancé la globalisation.
Donc il recouvre pour moi plusieurs significations différentes car issues d’adaptation à chaque pays d'un modèle faussement présenté comme "universel".
Enfin, de ce que j'ai approché, la culture geek a parfois voulu s'afficher comme fière d'être ce qu'elle est, se réclamant égale aux autres éléments culturels.
Cette affirmation, souvent en réaction avec ce que ces membres ont pu subir comme brimades, est cependant un piège car il est souvent porté par les éléments les plus stupides et, pardon de le dire, incultes.
D'où parfois un sentiment de clivage autour de ce terme. Pour certains moteur de leur affirmation, pour d'autres synonyme d'idiot.

Et pour de ce que j'en ai vu, souvent ceux se réclamant fièrement de cette veine (où l'on peut inclure nerd, no life etc), j'ai vu une grande immaturité, une forte propension à l'individualisme en théorisant cela par une vision simpliste de la société et un fort esprit clanique.

Au passage et hors sujet, tu parlais de la série Noob et des films. Pardon mais j'ai autour de moi des fans ou des gens ayant travaillé avec eux qui m'en ont parlé. J'ai regardé. Si le réal a des qualités d'infographiste, sur le fond, que de problèmes pour rester courtois. Si tu veux on pourra en parler.

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#3 12-08-2015 14:19:28

DrAg0r
Dra'ghoH

Re : Geek ?

J'ai voté «C'était rigolo quand c'était une insulte, mais maintenant que c'est positif ça n'a plus d'intérêt.» surtout parce que la récupération d'insultes dans un but d'affirmation provocatrice est un concept qui m'amuse beaucoup. Après bon...
Or il est clair maintenant qu'avec l'essor du web, du phénomène des conventions, et la généralisation du terme, la connotation du vocable s'est inversée au point qu'il s'agit maintenant d'un motif de fierté, presque élitiste chez les plus "revanchards".

J'ai voté «C'est devenu une marque commerciale», parce que c'est ce que je constate, que cette pseudo contre-culture aux bords flous, est, à l'instar des autres contre-cultures par le passé, en train de se faire absorber par le capitalisme et la magie de la récupération marketing. On trouve très vite pléthore de produits commerciaux revendiqués "geek"... Livres de recettes "geek", Magazine "geek", "Geekbox", séries "geek", relooking "geek", conventions "geek", vide grenier du "geek"... Etc, etc...

En effet, j'ai voté «C'est un anglicisme inutile» parce que dans son acceptation actuelle "geek" est devenu, du moins dans le monde francophone, un simple synonyme de "passionné". C'est en tout cas ce que l'on constate en suivant les diverses et vaines tentatives de définition du terme, mais aussi son acceptation concrète dans les évènements revendiqués "geek" où l'on retrouve pêle-mêle "culture de l'imaginaire", "technophilie", "pop-culture au sens large", "japanophilie"...
Or le mot "passionné" est déjà suffisamment clair en soi pour ne pas nécessiter l'usage d'un autre terme selon moi...

Bon, j'espère que mon opinion ne vexera personne. Je n'ai rien contre ceux qui se revendiquent "geek", chacun est libre de se définir comme il l'entends. smile


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#4 12-08-2015 14:39:07

DrAg0r
Dra'ghoH

Re : Geek ?

matou a écrit :

Au passage et hors sujet, tu parlais de la série Noob et des films. Pardon mais j'ai autour de moi des fans ou des gens ayant travaillé avec eux qui m'en ont parlé. J'ai regardé. Si le réal a des qualités d'infographiste, sur le fond, que de problèmes pour rester courtois. Si tu veux on pourra en parler.

Alors, j'ai énormément de respect pour Fabien Fournier en tant que créateur, il arrive à développer un univers vaste, riche, complexe et à niveaux multiples. Le tout sur divers supports, en portant plusieurs casquettes à la fois, et en conservant une équipe soudée... Le tout avec des moyens ridicules. Ce qui ne lasse pas de m'impressionner.
Mais, effectivement, pour suivre de loin son activité sur les réseaux sociaux, je trouve justement qu'il se fait un des fers de lance de l'utilisation galvaudée du terme "geek", assorti d'un côté revanchard qui a tendance à me laisser perplexe... Être fan de noob ne me dispense pas de conserver mon esprit critique à ce sujet.
À l'inverse, lui et son équipe sont régulièrement accusés de tout un tas de trucs qu'il n'ont jamais fait/pensé, et souvent qui n'ont pas de sens quand on a suivi un peu leur manière de fonctionner. J'ai assisté à l'un de leur tournage et je n'y ai vu qu'une bande de potes en train de s'amuser devant une caméra. J'ai rencontré plusieurs membres de l'équipe, qui m'ont toujours traité d'égal à égal, et se sont montrés courtois et amicaux. Quand aux histoires du financement, ils ont toujours été clairs sur leur mode de fonctionnement, à la fois entre eux, et vis à vis du public.

Dernière modification par DrAg0r (12-08-2015 14:41:51)


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#5 12-08-2015 15:01:05

McCoy
membre

Re : Geek ?

Un petit sondage, non pas pour savoir si vous vous considérez comme "geek" ou pas

Qu'est-ce que geek ?
Le fait d'aimer Star Trek et collectionner les figurines de Mr Spock fait-il de moi un geek par exemple ?

Je ne me suis jamais défini comme geek par contre mes amis me surnomment le geek (ce qui est une situation ironique, la majorité étant fan de comics et/ou manga et collectionnant les statuettes hors de prix de super héros, sans compter celui dont les quatre murs de la chambre sont recouverts d'étagères croulant sous le poids d'illustrés jeunesse  jaunis sous plastique, au grand dam de son épouse).

Bref, je joue aux jeux de rôle depuis plus de 20 ans, continue à jouer (et à acheter des jeux) à ma vielle Master System et Game Boy, à lire des comics de temps en temps (mais possède une sacrée bibliothèque), à regarder des films obscures de genre (des années 60, avec des japonais en costume de Casimir dopé aux stéroïdes), qui a l'intégralité des films Star Trek (même Nemesis, oui, mais acheté à 1€), écrits et publies des fanzines sur Star Trek, les séries jeunesses des années 80 et 90, qui relis une fois l'an l'intégralité des nouvelles de Lovecraft... mais je ne me sens pas geek.

C'est, de nous jours en France selon moi, un argument marketing de plus.


I'm a doctor, not the Doctor.
http://www.youtube.com/watch?v=MULMbqQ9LJ8

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#6 12-08-2015 18:45:46

matou
modérateur

Re : Geek ?

Fin du HS: c'est justement sa création que je déplore. Son univers, de ce que j'en ai vu, n'a rien à dire. Qu'il soit sincère et s'amuse avec ses potes, je ne le nie pas. Mais justement, vois tu, ce coté clanique fait que l'on tourne en rond, autour du vide.
Pour en avoir bq fait, je dirai que c'est hélas à du niveau des trop nombreux mauvais scénarios de jdr.

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#7 13-08-2015 22:08:08

yrad
admin

Re : Geek ?

Vu la diversité (et parfois l'ironie) des options proposées, DrAg0r, on devine que tu as pas mal cogité sur cette question de société. wink

Malgré tout, vu qu'aucune réponse ne décrit exactement ma pensée, j'en ai choisi trois apparemment contradictoires… afin de restreindre le champ sémantique de chacune d'elle et composer une structure diachronique :

- "Je le trouve pertinent et efficace."
Parce que geek est à la base un mot-concept qui n'a pas directement d'équivalent dans les langues autres que celle dans laquelle il est né, à savoir l'anglais.
En tant que défenseur de la francophonie, je suis très favorable à l'importation (ou translitération) de mots étrangers lorsqu'ils véhiculent un connoté culturel spécifique que leur traduction formelle ne possède pas. L'anglais est devenu la langue la plus riche de la planète parce qu'elle n'a jamais eu de scrupules à s'approprier sans complexe les mots et les expressions des autres langues (et cela depuis les multiples adstrats de ses origines médiévales), alors que le français a historiquement été sans cesse appauvri par le jacobinisme (notamment de François de Malherbe) et la rigidité fétichiste de l'Académie française.
Loin d'être un simple synonyme généraliste de passionné, geek désigne la qualité d'expert, d'activiste, ou de complétiste se rapportant à des disciplines ou des formes d'expressions nées au 20ème siècle durant la TRI (troisième révolution industrielle), à savoir essentiellement : 1) les sciences conceptuelles et par extension les technologies, l'informatique, le hacking, et les gadgets high tech ; 2) la SF et par extension l'ensemble de l'imaginaire ; 3) les BD/comics/mangas et par extension les animations (japonaises notamment) et la culture audiovisuelle (y compris la sériephilie qui ne bénéficie pas de la même institutionnalisation historique que la cinéphilie) ; 4) le gaming et par extension toutes les formes ludologiques (notamment les JdR et les MMORPG) ; 5) les nouveaux paradigmes et doctrines rationnelles au carrefour des quatre précédentes catégories, comme l'ufologie, le fortéanisme, le néo-évhémérisme, le conspirationnisme, la zététique, le transhumanisme, les VR...
Ainsi, un passionné de beaux-arts de la Renaissance italienne, un exégète des manuscrits de Qumran, ou un mordu de Victor Hugo... ne pourra pas - sur cette seule base - être qualifié de geek (sauf à employer geek dans une acception galvaudée ou sarcastique).
Dans la mesure où la geekitude porte sur des domaines initialement peu estimés - ou peu compris (car réputés cryptiques) - par la normativité sociale, et pouvant en outre facilement engendrer chez le sujet une polarisation obsessionnelle (asocialité...), une fuite dans la virtualité (otakus...), ou une marginalisation micro-communautaire ("get a life!")... elle ne pouvait que véhiculer au départ une image péjorative dans la société conformiste (et bourgeoise).

- "C'est devenu une marque commerciale."
Mais comme les disciplines technophiles et imaginaires nées au 20ème siècle étaient appelées à se développer et se normaliser dans le mainstream du 21ème siècle, les passions qu'elles avaient fait naître ne pouvaient que se démocratiser. C'est ainsi que tous les Ferengis de nos sociétés capitalistes ont flairé le filon, et la culture geek a fatalement été récupérée par le marketing, les business plans, et les boutiquiers en tout genre. 
Malgré tout, ce n'est pas forcément une mauvaise chose, car le commerce – comme le lobbying – est parfois le plus puissant des vecteurs d'évolution sociale et d'affirmation action. Et pour avoir eu plus ou moins l'image d'un geek depuis mon enfance (versant sciences d'abord, puis versant imaginaire et gaming, et enfin versant high-tech), j'ai pu mesurer en temps réel à quel point le marketing a fait sortir la geekitude d'un ghetto parfois difficile à endosser au quotidien.

- "C'était rigolo quand c'était une insulte, mais maintenant que c'est positif ça n'a plus d'intérêt."
Evidemment, lorsqu'une identité sort de la honte et de l'isolement pour accéder à l'exhibition et à la reconnaissance, ce qu'elle gagne en dignité, elle le perd en originalité ! Or dans une large mesure, la notion même d'identité - comme opposition à altérité – répond à un besoin existentiel, celui de se distinguer et se démarquer d'une normalité dominante et dépersonnalisante.
C'est un peu l'équation insoluble à laquelle sont confrontés les hipsters contemporains, qui se définissent essentiellement par le fait d'être minoritaires ; leur propagation mimétique conduit donc à une aporie ontologique.
Dans cette logique anti-majoritaire, en réponse à la sourde impression que la culture geek a perdu son âme, son piment, et surtout sa transgressivité lorsqu'elle a rejoint l'hospice idéel des phénomènes de mode... eh bien les vrais puristes (ou nostalgiques des "années de plomb") n'auront d'autres choix que de se chercher de nouveaux labels moins banalisés ou flatteurs pour pouvoir "exister" et se trouver de nouvelles causes à défendre. Ainsi, nerd pourrait être un bon candidat à la succession (dynastique) de geek...


« Science fiction is the most important literature in the history of the world, because it's the history of ideas, the history of our civilization birthing itself. Science fiction is central to everything we've ever done, and people who make fun of science fiction writers don't know what they're talking about. »
Feu Ray Bradbury

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#8 14-08-2015 14:29:05

DrAg0r
Dra'ghoH

Re : Geek ?

yrad a écrit :

Vu la diversité (et parfois l'ironie) des options proposées, DrAg0r, on devine que tu as pas mal cogité sur cette question de société. wink

Effectivement, ayant grandi avec la généralisation du web en France, j'ai vu l'évolution des définitions et les divers glissements sémantiques de l'utilisation francophone du terme.
Au vu de tes réponses, il semble que tu y ai également énormément réfléchi, certainement plus que moi même.

yrad a écrit :

Loin d'être un simple synonyme généraliste de passionné, geek désigne la qualité d'expert, d'activiste, ou de complétiste se rapportant à des disciplines ou des formes d'expressions nées au 20ème siècle durant la TRI (troisième révolution industrielle), à savoir essentiellement : 1) les sciences conceptuelles et par extension les technologies, l'informatique, le hacking, et les gadgets high tech ; 2) la SF et par extension l'ensemble de l'imaginaire ; 3) les BD/comics/mangas et par extension les animations (japonaises notamment) et la culture audiovisuelle (y compris la sériephilie qui ne bénéficie pas de la même institutionnalisation historique que la cinéphilie) ; 4) le gaming et par extension toutes les formes ludologiques (notamment les JdR et les MMORPG) ; 5) les nouveaux paradigmes et doctrines rationnelles au carrefour des quatre précédentes catégories, comme l'ufologie, le fortéanisme, le néo-évhémérisme, le conspirationnisme, la zététique, le transhumanisme, les VR...

C'est la première fois que je le vois défini de cette manière, et je trouve cette approche intéressante, car elle arrive à englober une grande partie des acceptations les plus étendues du terme. Elle pointe aussi les limites et les défauts du mot, rien que le fait que tu te sois senti obligé d'assortir ta définition initiale d'une liste non exhaustive d'exemples est assez révélateur, d'un problème de définition justement wink .
Finalement le souci, même sans aller jusqu'au synonyme de "passionné" ou "d'éléments culturels qui déchainent les passions". C'est tout de même l'étendue immense des acceptations qui à mon sens fait perdre son intérêt au terme... Dans le sens où un mot qui sert de case dans laquelle on met des gens ensemble, ou pour le dire autrement, qui a une valeur communautaire, doit avoir -selon moi- une correspondance concrète à la réalité des individus, mais surtout représenter quelque chose qu'ils ont en commun. Sinon ce n'est plus une catégorie qui est utile.
Et justement, je me demande ce que peuvent bien avoir en commun un passionné de J-Pop et un ufologue... Ou encore un fan de manga et un codeur compulsif.

yrad a écrit :

Ainsi, un passionné de beaux-arts de la Renaissance italienne, un exégète des manuscrits de Qumran, ou un mordu de Victor Hugo... ne pourra pas - sur cette seule base - être qualifié de geek (sauf à employer geek dans une acception galvaudée ou sarcastique).

Et pourtant, je connais certains passionnés d'héraldique qui se considèrent -et sont considérés- comme geeks. Parce que dans la même veine que les "extensions" sémantiques dont tu parle plus haut, l'héraldique est liée (dans l'imaginaire collectif) au moyen-âge, qui rejoint le med-fan, et donc la fantasy, et donc l'imaginaire, et donc les geeks.

Dernière modification par DrAg0r (14-08-2015 14:29:55)


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#9 15-08-2015 01:47:54

yrad
admin

Re : Geek ?

DrAg0r a écrit :

Elle pointe aussi les limites et les défauts du mot, rien que le fait que tu te sois senti obligé d'assortir ta définition initiale d'une liste non exhaustive d'exemples est assez révélateur, d'un problème de définition justement WINK .

Il est vrai que la nécessité d'illustrer une définition peut parfois témoigner de sa fragilité.
Cela dit, mon objectif était surtout de montrer par un inventaire concret (quoique non exhaustif) que ce sont bien les disciplines (arts et sciences) nouvelles nées durant la troisième révolution industrielle qui forment le dénominateur commun de la geekitude.

DrAg0r a écrit :

Finalement le souci, même sans aller jusqu'au synonyme de "passionné" ou "d'éléments culturels qui déchainent les passions". C'est tout de même l'étendue immense des acceptations qui à mon sens fait perdre son intérêt au terme... Dans le sens où un mot qui sert de case dans laquelle on met des gens ensemble, ou pour le dire autrement, qui a une valeur communautaire, doit avoir -selon moi- une correspondance concrète à la réalité des individus, mais surtout représenter quelque chose qu'ils ont en commun. Sinon ce n'est plus une catégorie qui est utile.

Effectivement, lorsqu'une définition devient trop large et donc trop peu discriminante, elle fait perdre au mot sa pertinence et son utilité. Et c'est ce que je dénonçais dans mon post précédent par le galvaudage contemporain du vocable geek
Mais il s'agit en fait là d'une dérive assez générale aujourd'hui, car notre doxa contemporaine use et abuse des analogies, des symboles, des ironies, et des amalgames. A l'instar du point Godwin et de tous ces anathèmes qui fleurissent sur le web (détournant nombre de concepts de leurs sens réel pour les transformer en insultes), geek devient trop souvent un joker passe-partout utilisé pour se donner une contenance ou faire de l'humour bon marché.

Néanmoins à la base, telle que je l'ai définie plus haut, la notion de geek ne couvre pas un spectre aussi large que ça. Ou plus exactement, en dépit de sa largeur multidisciplinaire, ce n'était pas pour autant un fourre-tout, dans la mesure où elle s'applique vraiment à des passions pour des arts et des sciences nées durant la seconde moitié du 20ème siècle et qui ne pouvaient exister auparavant.

DrAg0r a écrit :

Et pourtant, je connais certains passionnés d'héraldique qui se considèrent -et sont considérés- comme geeks. Parce que dans la même veine que les "extensions" sémantiques dont tu parle plus haut, l'héraldique est liée (dans l'imaginaire collectif) au moyen-âge, qui rejoint le med-fan, et donc la fantasy, et donc l'imaginaire, et donc les geeks.

C'est le principe de la transitivité, qui se déploie notamment dans les réseaux sociaux, et selon lequel quasiment tous les Terriens seraient "amis". lol

Mais au-delà du galvaudage que j'évoquais, il faut surtout voir dans cette extension du domaine d'application de la geekitude l'emprise croissante de l'imaginaire sur le monde réel. Confirmant bien que la SF, la fantasy, et le fantastique sont bien des métagenres qui ont vocation à englober tous les autres genres… voire même les disciplines académiques IRL.
Moi-même, je me surprends de plus en plus souvent à considérer que les sciences exactes sont une subdivision de la SF et que la théologie est une subdivision de la fantasy.
Si le réel de la vie humaine n'est qu'un fragment de l'expression imaginaire (un peu comme le spectre visible par les yeux humains n'est qu'une fraction de l'ensemble du spectre électromagnétique), toute passion (académique ou indépendante) peut alors être considérée comme geek… car toujours connectable aux disciplines nominales de la geekitude.

Mais encore une fois, cette dérive n'a rien d'inhérente à l'emploi du terme geek. C'est une systémique moderne, qui permet de connecter tout à n'importe quoi. Ainsi, il est possible d'assujettir tous les facettes de l'univers aux mathématiques et tous les domaines de l'existence à la théorie des jeux, de prétendre que toute la pensée contemporaine est consciemment ou inconsciemment christianisée, d'affirmer que tous les maux du 20ème et du 21ème siècle sont imputables aux seuls USA, de voir une motivation sexuelle dans chaque acte humain… et de voir de la geekitude dans toute passion ou polarisation.

DrAg0r a écrit :

Et justement, je me demande ce que peuvent bien avoir en commun un passionné de J-Pop et un ufologue... Ou encore un fan de manga et un codeur compulsif.

Eh bien ils ont en commun d'être tout simplement les enfants prodigues de la troisième révolution industrielle (TRI), les passionnés de paradigmes nés durant la seconde moitié du 20ème siècle et qui ont bouleversé le rapport à la vie, au minimum les priorités de l'existence.

L'autre possible point commun des quatre geeks que tu prends en exemple, ce serait la place assez centrale de leur passion dans leur vie. Les arts et les sciences de la TRI suscitent généralement des polarisations plus fortes et plus intenses que la plupart des passions traditionnelles (de par leur potentiel d'évasion voire de fuite du réel), au point d'affecter les relations sociales et les choix de vie. Et cette dimension obsessionnelle, quasiment religieuse (que l'on pourrait presque parfois comparer à une révélation et/ou à une entrée dans les ordres) attachée à l'image du geek pourrait aussi participer de la sémantique contemporaine du mot.
Auquel cas, si geek est employé pour désigner quelqu'un qui est excessivement fana ou mordu ("excessivement" par rapport aux conventions sociales du moment), le terme pourrait alors s'appliquer à n'importe quelle passion (pré et post-TRI) sans qu'il soit opportun de crier au galvaudage.

Du coup, en prenant en compte cette dernière acception (phénoménologique et non plus thématique), il deviendrait possible de définir la geekitude comme le besoin ou le désir humain de redéfinir à la carte la réalité mentale dans laquelle on décide de vivre. Ce qui inscrirait alors directement la culture geek dans le prolongement de l'affirmative action des études de genre. A l'instar de la liberté de se construire une nouvelle identité sexuelle, être geek, ce serait vouloir se construire un nouvel univers (plus ou moins virtuel) d'existence.


« Science fiction is the most important literature in the history of the world, because it's the history of ideas, the history of our civilization birthing itself. Science fiction is central to everything we've ever done, and people who make fun of science fiction writers don't know what they're talking about. »
Feu Ray Bradbury

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#10 20-10-2015 12:55:13

DrAg0r
Dra'ghoH

Re : Geek ?

Rions donc un peu tongue

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